Une loi en faveur des RIP
Avec sa proposition d’installer la fibre optique sur tout le territoire sans financement public, SFR aura réussi à se mettre beaucoup de monde à dos. Dernier épisode en date, une proposition de loi pour les RIP (Réseau d’initiative publique).
Patrick Chaize, sénateur Les Républicains de l’Ain, et président de l’Avicca, association des villes et des collectivités dans le numérique, indique : “Je travaille sur une proposition de loi, qui aurait comme objectif de sécuriser les investissements publics. Si ces investissements existent, c’est pour pallier les carences du privé. Il serait donc contre-productif qu’une entreprise privée ait changé d’avis. Imagine-t-on un nouveau réseau d’eau ou d’électricité venant concurrencer ceux des villes ?”.
Il ajoute: “Il s’agit de donner à la collectivité une autorité organisatrice”.
Son texte devrait être prêt d’ici une quinzaine de jours pour la rentrée parlementaire. L’objectif est clair : empêcher SFR de se livrer à une concurrence déloyale.
Par ailleurs, rares sont ceux les professionnels du secteur des télécoms qui pensent que SFR a réellement les épaules suffisamment solides pour respecter ses déclarations fracassantes de l’été. Enfin, l’expérience montre que jamais un opérateur privé ne réalise une couverture à 100 % d’une zone dans laquelle il installe la fibre optique. Or, c’est précisément l’engagement des réseaux d’initiative publique cofinancés par des partenaires publics et privés : offrir le très haut débit à toute la population sans exclusive. C’est le cas pour le réseau Rosace en cours de déploiement dans 696 communes d’Alsace. Un exemple de cet engagement : 2676 exploitations agricoles, entreprises, maisons individuelles, auberges de montagne, structures d’hébergement en rase campagne ont été identifiées. Elles ne sont pas oubliées par Rosace, même s’il faut tirer plusieurs kilomètres de fibre optique pour atteindre ces bâtiments.
Autant dire que l’annonce faite récemment par la commune de Wittelsheim dans le Haut-Rhin de préférer un déploiement de la fibre optique par SFR plutôt que de s’engager dans la démarche initiée par la Région Grand Est à travers Rosace risque fort de provoquée une fracture numérique dans la localité, avec un lot de laissés pour compte du très haut débit.